Avant toute chose, il convient de préciser que nous n’entrerons pas dans les champs de la polémique ou du débat politique dans cet article, car ce n’est pas l’objectif d’Ameland. Alors oui, comme toute production du Puy du Fou, le film Vaincre ou Mourir est une interprétation de l’Histoire du point de vue de la droite catholique et royaliste. Mais ce n’est pas forcément un problème, car d’autres productions cinématographiques ont une lecture historique du point de vue de la gauche inclusive et wokiste. Il y a donc un certain équilibre dans la production cinématographique. De plus, en matière de véracité historique, personne n’a complètement tort ou raison, et il n’y a pas de vérité absolue ! Dans le domaine de l’Histoire, il y a des faits et l’interprétation qu’on en fait. Nous allons donc vous livrer une critique purement cinématographique de ce premier film produit par le Puy du Fou.
Nicolas DE VILLIERS, Président de Puy du Fou France, explique que l’ambition de Vaincre ou Mourir est de « célébrer la part lumineuse de notre histoire, la mettre au service d’un cinéma grand spectacle, familial, à portée internationale, qui a du souffle et qui rassemble ». Le film est inspiré par l’un des spectacles les plus populaires du Puy du Fou : Le Dernier Panache, déjà vu par plus de 12 millions de personnes.
Le récit se déroule en 1793. Voilà trois ans que Charette, ancien officier de la Marine Royale, s’est retiré chez lui en Vendée. Sur ces terres, les promesses de la Révolution française laissent place à la désillusion. La colère des paysans gronde : ils font alors appel au jeune retraité pour prendre le commandement de la rébellion. En quelques mois, le marin désœuvré devient un chef charismatique et un fin stratège, entraînant à sa suite paysans, femmes, vieillards et enfants, dont il fait une armée redoutable car insaisissable. Le combat pour la liberté ne fait que commencer…
A l’origine, Vaincre ou Mourir a été pensé comme un docu-fiction pour la télévision. La voix-off omniprésente de Charette en est la parfaite illustration. Trop souvent dans le film, l’action est juste racontée et les gros plans sont nombreux pour palier le manque de décors et d’effets spéciaux. Il faut dire que le film a été tourné en dix-huit jours seulement, quasi intégralement sur le domaine du Puy du Fou, avec un budget de moins de 5 millions d’euros. Vincent MOTTEZ et Paul MIGNOT, les réalisateurs du film, ont bien du mal à offrir des images épiques (pourtant l’une des volontés premières de Vaincre ou Mourir), en cherchant à cacher la « misère » derrière une caméra à l’épaule indigente et un hors-champ grotesque. Pour les scènes de grandes batailles, on repassera ! D’ailleurs, petite anecdote : dans les scènes de batailles, la plupart des figurants sont issus des bénévoles du Grand Parc du Puy du Fou. Reste une direction de la photographie correcte, offrant parfois de jolis paysages et des éclairages sublimant les décors intérieurs. La bande-originale du film, quant à elle, est somme toute classique, mais elle accompagne bien le récit.
Du côté du jeu des acteurs, l’ensemble est très inégal. On ne peut que saluer la préparation physique d’Hugo BECKER pour interpréter Charette, mais il a souvent bien du mal à nous transmettre des émotions. De plus, les intonations et variations de voix utilisées peuvent interpeller : on a parfois l’impression d’être en face de Bruce WAYNE en mode Batman ! Par contre, nous applaudissons sans détour la performance artistique de Constance GAY, qui interprète Céleste BULKELEY, l’une des célèbres « Amazones de Charette », angevine surnommée « l’Irlandaise » pour avoir épousé un noble irlandais. Une partie de sa famille est guillotinée pendant la Terreur. Raison pour laquelle elle s’engage sans limite dans le combat, devenant l’une des plus fidèles du général vendéen. Elle finit par gagner son affection et peut-être son cœur. Constance GAY livre une interprétation tout en nuances, rongée par la vengeance mais ne souhaitant pas oublier sa part sentimentale. Fait intéressant, Céleste est connue pour porter sept pistolets chargés à la taille, ne sachant pas les charger elle-même. Sa bravoure hors norme est restée légendaire dans l’imaginaire collectif vendéen.
Au final, Vaincre ou Mourir est un film moyen, ni bon ni mauvais, mais qui manque clairement de panache ! Il pourra plaire aux férus de fresques historiques, mais il n’est pas vraiment adapté à tous les publics.
La production espère attirer au moins 100000 spectateurs dans les salles obscures, afin de rentrer dans ses frais et peut-être de mettre en chantier d’autres films. Le pari sera-t-il réussi ? Réponse dans quelques semaines.